C'est à bord d'Havella, notre cocon de chaleur, que nous sommes partis pour une exploration photographique de la côte ouest du Spitzberg de Longyearbyen jusqu'à la Baie de la Croix en passant par l'île du Prince Karls. Je suis le guide de cette belle expédition qui se déroule sur dix jours au mois d'août. Organisée par GNGL mon partenaire depuis de nombreuses années, cette expédition car oui s'en est une, nous emmène à la découverte de ces terres qui ont sans doute vu leurs premiers visiteurs vikings en 1194.
Mon rôle consiste à faire découvrir à quatre passionnés de photographie, ce magnifique endroit. Au fil des jours Véronique, Yannick, Maël et Christophe profiterons de mes conseils, de mon expertise dans ces terres polaires pour s’améliorer. Ils découvriront ou réviseront les notions de base – ouverture, vitesse, température de couleurs, sensibilité du capteur, focales… Chaque soir nous débrieferons la journée et partageons un topo photo. J'adore ce coin de la planète, totalement sauvage où la nature est reine. C’est elle qui décide de nos allées et venues !
Arrivés à Longyearbyen nous sommes accueillis par Céline, Vincent et Ysé leur fille, afin d’embarquer sur HAVELLA. C’est un bateau norvégien spécialement construit en 1952, pour effectuer des safaris et expéditions scientifiques au Spitzberg. En bois massif, il a été conçu sur le modèle des canots de sauvetage norvégiens des années 1930. En 1987, Ragnar Thorseth, explorateur norvégien, hiverne avec sa famille à bord dans la banquise du Svalbard. Au musée maritime polaire Ishavsmuseet à Brandal, une galerie lui est consacré. Sa longueur est de 53 pieds. Sa double coque en bois est renforcée pour la glace.
Rapidement nous quittons les eaux tranquilles de Longyearbyen pour rejoindre celles de l'Atlantique nord et commencer notre remonté vers la Baie de la Croix. Notre première étape sera l'île du Prince Karl. Cette île orientée Nord -Sud est réputée pour ses colonies de Morses. Si aujourd’hui les morses sont protégés depuis 50 ans au Spitzberg, ce ne fut pas le cas jadis. Après 350 ans de chasse, la population de ces mastodontes était descendue à moins de 100 individus au Spitzberg. 50 ans plus tard, les morses sont revenus sur leur colonie d’autrefois et cette fois y prospèrent. Nous tentons de photographier ces énormes mammifères marins. En fin de journée, nous reprenons notre navigation pour trouver notre lieu de mouillage pour la nuit et dormir profondément du sommeil du juste.
Il faut dire qu’avant d’atterrir à Longyearbyen, nous avons d’abord fait demi-tour en raison d’une épaisse couche de brouillard au sol interdisant la pose de notre avion. Nous avons donc passé une (très courte) nuit à Oslo. Les terres polaires ne sont pas forcément très accueillantes…
Ce matin nous arrivons en baie du Roi, royaume de l'ours polaire et sanctuaire pour de nombreux oiseaux migrateurs. C'est aussi ici, que nous rencontrons nos premiers vrais glaciers géants, Kongbreen, Kronebreen et Blomstrandbreen. Des colosses, pour certains larges, de plus de 3 kilomètres. Nous naviguons dans cet univers à la recherche de sujets exceptionnels pour nos appareils photos et ils ne manquent pas... A terre, le spectacle est juste magique ! Nous en profitons pour passer voir la base scientifique de Ny-Alesund et faisons halte au bureau de poste pour envoyer une carte postale depuis le bureau de poste le plus septentrionale du monde !
Au fil des jours, nous quitterons la baie du Roi pour nous rendre plus au nord, dans la baie de la Croix. Ici encore, il faudra ouvrir l'œil car nous sommes sur le territoire du maitre des lieux, l'ours polaire. Nous tenterons d'approcher le fond de cette baie entièrement recouverte de glace. En effet, à cet endroit 3 glaciers géants se rejoignent pour n'en former qu'un seule absolument hors norme avec plus de 12 Km de front de glace. Il va falloir apprendre a faire les panoramiques ! L'île du Prince Karl fait 85 Km de long sur 10 de large en moyenne. Aussi les possibilités d'observations sont immenses. Nous pourrions presque y consacrer un voyage entier. Avec ses 5 glaciers et ses multiples baies, elle constitue le parc national de Forlandet. Cette île donne l'impression d'un monde oublié.
Bien qu'a seulement 70 Km de Longyearbyen, a vol de Sterne arctique, le fjord Saint Jean reste très isolé. En effet, très peu de personne s'y arrêtent et le délaissent au profit de la Baie du Roi C'est une erreur car ce site regorge de beautés. Comme tout fjord de l’archipel, le fjord Saint-Jean est une avancée de la mer dans les terres du Spitzberg. Ce qui le caractérise, ce sont ses proportions : vingt kilomètres de long et moins de cinq de large. Sur la rive nord, deux glaciers vont jusqu’à la mer, vêlant de la glace. Sur la rive sud, c’est à pied que l’on peut les aborder. Le calme absolu de cet endroit, à l’écart des routes de navigation, que l’on partage avec les oiseaux et aussi quelques rennes, donne véritablement le sentiment d’être dans un autre monde.
Nous voici de retour dans l'Isfjord, le plus grand fjord du Spitzberg. Sur la rive nord, se succèdent de nombreux glaciers tous plus imposants les uns que les autres. Nous nous intéresserons plus spécialement à la baie de Borebukta car celle-ci abrite un formidable glacier et surtout une colonie de Morses s'étant établie là il y a peu de temps. Ce sera notre dernière nuit à bord abrité au sein d'une des nombreuses baies du Spitzberg. La soirée se passera a regarder le glacier et a écouter les grondements sourds de la glace. Au loin se trouve Longyearbyen, encore trop loin pour en distinguer les lumières.
Après une dernière exploration, nous prenons le cap vers Longyearbyen et arriverons au port dans l'après-midi où nous visiterons le musée consacré à l’archipel et apprécierons une bière locale bien fraîche à la brasserie de la ville située juste à côté du port.
La vie à bord est rythmée par les moments de navigation, les promenades à terre et les paysages grandioses mais aussi par les repas qui viennent fragmentées la journée. Il faut dire que la créativité de Céline semble sans limite et nous nous régalons. Le froid ouvre l’appétit parait-il…
A propos de température, nous avons vécu un record : 20 °C durant les trois premiers jours du séjour !!
Le Svalbard est un archipel norvégien situé en mer du Groenland, dans l'océan Arctique, en mer de Barents et en mer de Norvège, entre le Groenland à l'ouest, la terre François-Joseph à l'est et l'Europe continentale au sud. Il constitue la terre la plus septentrionale de la Norvège et l'un de ses territoires. À l'exception de dix habitants sur l'île aux Ours située à 238 kilomètres plus au sud, ses 2 951 habitants se trouvent sur Spitzberg, la seule autre île habitée et la plus grande de l'archipel.
Territoire norvégien autonome et démilitarisé, il n'est pas soumis à la fiscalité norvégienne. Sa superficie n'est pas incluse dans celle de la Norvège et il n'est membre ni de l'espace Schengen, ni de l'Association européenne de libre-échange (AELE). Le statut de neutralité du Svalbard permet à n'importe quel pays d'exploiter librement les ressources locales, ce que fit longuement l'URSS en établissant et en administrant une colonie russe dans l'archipel norvégien pour exploiter une mine. La population russe dépassait même la population norvégienne jusque dans les années 1990.
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Pour en savoir plus :
https://www.aventuremaritime.com/
Nous avons eu la chance de voir beaucoup d'oiseaux, dont quelques macareux retardataires, un "troupeau" de bélugas, des renards curieux de nous voir, des rennes, beaucoup de rennes et le dernier jour un ours blanc qui dormait paisiblement... fort heureusement car nous étions à terre.
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