Vous le savez ou pas, je suis fan de moto depuis un certain temps... j'ai eu mon permis 125 à 16 ans et mon permis grosse cylindrée à 18, avant même mon permis voiture. Je n'ai pas eu des motos tout le temps mais j'en ai eu quelques unes malgré tout, notamment une 600 Ténéré que j'adorais. J'ai beaucoup roulé en 125, une DTMX que j'avais préparée avec l'aide de mon pote Fabrice et que j'avais bien modifiée pour tourner en enduro.
Mais avec l'age et la prise de conscience du risque encouru à rouler au milieu d'une nuée de voitures conduites par des gens plus souvent au téléphone que concentrés sur la route, je me suis orienté vers des motos "tranquilles"...Et puis transformé une moto avec ses enfants est source de partage et de franches rigolades.
Voici donc le récit de cette aventure... avec en prime une série de photos avec Bruno Ramain
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Photographies :
Bruno Ramain / Jean-Marc Blache – Texte Jean-Marc Blache
K100 fédératrice
Passer
du temps avec ses enfants autour d’un projet commun était le but de cette
modification. Le manque de place ne permettait pas de s’attaquer à une voiture,
le choix de la moto coulait de source.
Fédérer
deux ados autour d’un projet n’est pas chose facile. La mécanique a toujours
été une évidence dans la famille de Jean-Marc. Son père, André, était d’abord
soudeur avant de devenir expert automobile. Il possédait au sous-sol de la
maison familiale un atelier (un « at’lier » comme il aimait à le
dire) avec poste de soudure, tour, perceuse à colonne, touret et un nombre
incalculable d’outils en tout genre. A l’adolescence, Jean-Marc commence à bricoler
des mobylettes puis des motos d’enduro et commence des études de mécanique. Il
change de direction mais la mécanique est présente dans sa vie professionnelle
puisque photographe, il se spécialise dans la photographie industrielle. Robin
a 13 ans, Victor 16 quand l’idée de remettre en état une voiture fait son
chemin. Mais le manque de place les freine. Robin découvre au hasard de ses
recherches les café racer et en parle à table. « Après la seconde guerre
mondiale, les motos laissées sur le vieux continent par les américains ont été
transformées pour organiser des courses de moto. Elles ont été tout d’abord allégées,
modifiées puis le moteur, préparé, a gagné quelques chevaux ». Ils se
lancent à la recherche d’une BMW de type R mais c’est finalement vers une de
type K, moins cher, que les trois mécanos en herbe vont s’orienter. Il y en a
une à vendre, une K100 RT de 1986, à quelques encablures de la maison. Le
propriétaire les aide à la charger sur la remorque en prenant bien soin de ne
pas abimer le carénage… Une heure plus tard celui-ci est déjà démonté. Le reste
viendra un peu plus tard.
Robin
s’occupe au départ de laver le moteur, puis de le poncer. Il sera ensuite
verni. Victor s’occupe du décapage du réservoir et ce n’est pas mince
histoire : la peinture allemande résiste !! Le côté brut a été le fil
conducteur de leur préparation et c’est naturellement que le réservoir sera
juste verni. Pas mal de pièces sont changées, notamment le poste de pilotage,
qui se voit affublé d’un guidon bracelet, de commandes de frein et d’embrayage
Beringer. Les commodos d’origine sont remplacés par des prototypes proposés par
le magasin en ligne Wats Motor en Belgique, les clignotants remplacés par des
Motogadget en bout de guidon. Les durites aviation ont été faites sur mesure
par la société Mecanhydro en Savoie. La grosse boîte à air noire en plastique, absolument
affreuse, est remplacée par une belle pièce en inox fabriquée spécialement par
un artisan, Geoffrey Houard. L’arrivée d’air au débitmètre se fera par un
filtre KN via une pièce sur mesure, dessinée par Jean-Marc, puis réalisée par
un atelier de mécanique générale du coin (Belledonne Meca Services à Crolles).
La boucle arrière est raccourcie par un ami de
la famille, serrurier de profession, Éric Kerbrat qui répare aussi la fuite du
réservoir en aluminium, maladie de ces BM et qui va également raccourcir le pot
d’échappement, un gros boulot ! C’est ensuite Fabrice de la société ILF,
particulièrement méticuleux qui réalise le gommage de la plupart des pièces à
peindre. Celles-ci sont ensuite traitées à l’époxy par l’entreprise CPI de
Domène : le noir mat est adopté pour les tubes de fourches, les jantes, le
cadre. L’amortisseur arrière est choisi chez Shock Factory, situé à Morestel,
non loin de Lyon. La fourche, les étriers de frein, ont été démontés, tous les
liquides et les joints changés, la béquille centrale supprimée. Aujourd’hui, la
moto est garée bien droite pour éviter de trop fumer au démarrage grâce à un
support moto qui bloque la roue avant. La grosse batterie d’origine est remplacée
par une de la marque Solise, plus petite. Elle sera tout d’abord logée au-dessus
de la boite de vitesses puis finalement sous la moto dans une boite inox
réalisée par Arc Industries de Voiron suivant les plans « maison ». Le
vase d’expansion du circuit de refroidissement est abandonné au profit d’une
gourde en aluminium placée à côté du radiateur.
Les
moments passés ensemble sont tout d’abord « tendus » : il faut
prendre ses marques, apprendre à travailler en bonne intelligence et ensemble
mais finalement voir le projet avancer grâce au travail de chacun est un réel
plaisir.
Une
fois la moto remontée, il fallait s’occuper de la partie électrique… et là ça
se complique … l’électricité n’est pas le point fort de la maison… Après pas
mal d’hésitations, c’est le système BEP 3.0 qui a permis de supprimer le
compteur d’origine au profit d’un plus petit de marque Acewell. L’électricité
de la moto est vraiment un gros morceau sur les K. C’est la raison pour
laquelle après quelques essais infructueux, l’équipe décide de faire appel à Alban
qui vient tout juste d’ouvrir son propre atelier moto : Big Twin Repair.
Malgré le fait qu’il soit spécialisé dans les Harley à carburation, il la fera
« craquer » après quelques semaines de réflexion, de tâtonnements et
enfin de branchements. La BMW a subi un bon régime et a été délestée au final
d’environ 60 kilos. En effet, à l’origine, une BMW K100 RT pèse avec les
carénages et les pleins de liquide 253 kilos. Il n’empêche qu’elle n’est pas
facile à relever si elle se couche sur le côté.
La
belle est presque terminée… reste l’adaptation et la mise en place de la selle.
« Il y a des ateliers de transformation dont personne ne parle. On échange
leurs noms à voix basse en indiquant que l’artisan a mauvais caractère, qu’il
est débordé, qu’il n’aura sans doute pas le temps de s’occuper du projet »
nous explique Jean-Marc. « Et puis un jour on prend son courage à deux
mains … et la rencontre est incroyable ». C’est au-dessus de Voiron à
la Murette que Pierrot a installé son atelier DP Custom. C’est un magicien. Il
transforme, modifie, répare, soude et peint des motos toutes aussi incroyables
les unes que les autres. Associé à Joan, sellier sur les quais de Grenoble, ils
ont réalisé le support et la selle de la moto : une réussite tant sur le
look que sur le confort ! La selle intègre le feu arrière et les
clignotants dans une barre de leds (French Moto – ex French Monkeys).
Pour
finir les derniers réglages c’est Franck, du magasin situé au Versoud « Carmélo
Moto » qui s’y colle. Les premiers essais ne sont pas concluants. En fait,
elle tourne sur trois cylindres. Après avoir nettoyé au bac à ultrasons et
changé les injecteurs défectueux la BMW est impressionnante de puissance. La
souplesse du quatre cylindres est un pur régal. Certes, ce n’est pas une moto
moderne mais elle atteint sans broncher les 200 km/heure !!
Victor
et Robin poursuivent leurs études dans le domaine de la mécanique, Victor a
choisi cette spécialité aux Arts et Métiers d’Aix en Provence en alternance à
la CNR (compagnie Nationale du Rhône) en manipulant des pièces de barrages,
souvent énormes. Robin se régale en Génie mécanique et productique pour sans
doute se diriger vers les métiers de l’horlogerie. Peut-être que ce moment
passé à plonger les mains dans le cambouis aura suscité les vocations vers
lesquelles ils s’orientent. En tous cas « la K » est maintenant la
moto de la famille même si les enfants n’ont pas encore le permis moto…
Robin avec
Franck pour les finitions à l’atelier CARMELO MOTO au Versoud (F-38) Victor
et Robin poursuivent leurs études dans le domaine de la mécanique, Victor a
choisi cette spécialité aux Arts et Métiers d’Aix en Provence en alternance à
la CNR (compagnie Nationale du Rhône) en manipulant des pièces de barrages,
souvent énormes. Robin se régale en Génie mécanique et productique pour sans
doute se diriger vers les métiers de l’horlogerie. Peut-être que ce moment
passé à plonger les mains dans le cambouis aura suscité les vocations vers
lesquelles ils s’orientent. En tous cas « la K » est maintenant la
moto de la famille même si les enfants n’ont pas encore le permis moto…
Photo : Luc Charrier
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