Gilbert Garcin s'en est allé,
C'est dans un article Libération de 2013, je crois que j'ai vu les premières images de Gilbert Garcin. J'avais alors fait le voyage à Arles aux rencontres de la photographies, en juillet, pour voir l'exposition consacrée à ce retraité, qui s’était "mis à la photographie après
ses 60 ans, poussé par la crainte d’une retraite ennuyeuse. Vingt ans
plus tard, il exposait ses photomontages en noir et blanc, constructions
poétiques et fatalistes, dans des galeries du monde entier. Gilbert
Garcin est mort à 90 ans, vendredi 17 avril 2020, à Marseille, en artiste
reconnu par ce monde dans lequel il avait surgi comme par miracle.
Certains
de ses voisins, dans son bel immeuble cossu avec vue sur le
Stade-Vélodrome et les collines du Garlaban, ne savaient même pas qu’il
était photographe. Pour eux, il restait « Monsieur Garcin », tranquille
entrepreneur à la retraite, ancien patron d’une entreprise de
luminaires, parfaitement intégré dans cette discrète bourgeoisie
marseillaise aux goûts artistiques plutôt conventionnels. Un milieu dont
il ne se cachait pas d’être issu, mais dont il s’est progressivement
détaché pour vivre pleinement sa fulgurante seconde carrière.
Inattendu stagiaire
Né
en 1929 à La Ciotat (Bouches-du-Rhône), Gilbert Garcin se passionne
davantage pour la voile que pour l’art. Ecole de commerce, études dans
une université américaine, il fréquente les musées, « à peine plus que la moyenne ».
Il se met à la photographie quelques mois après l’arrêt de sa vie
professionnelle, fréquente le photo-club d’Allauch, petit village entre
Marseille, où il vit, et La Ciotat, où il possède un cabanon familial.
Le
premier prix d’un concours amateur lui ouvre un stage dirigé par le
photographe Pascal Dolémieux aux Rencontres d’Arles 1992. « Il nous a
fait photographier des figurines découpées dans les rues d’Arles. Avec,
comme seule consigne, de rendre les choses les plus réelles possible », racontait
volontiers l’inattendu stagiaire. La méthode est trouvée, Gilbert
Garcin n’en changera pas. Un vieux manteau déniché dans les placards de
son beau-père, un cabanon transformé en studio de prise de vue, un
boîtier Nikon d’occasion et il devient son propre personnage : « l’homme
au pardessus »... " magnifique !
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